L’Union des écrivains suédois recommande aux traducteurs suédois de refuser tout accord avec les éditeurs du groupe Bonnier, le plus grand éditeur suédois. Onze maisons d’éditions ont été déclarées non grata par l’organisation.
Ce mouvement est la conséquence de l’introduction il y a quelques mois par le groupe Bonnier d’un nouveau projet de contrat destiné à toutes ses filiales et défavorable aux traducteurs. L’Union des écrivains accuse entre autres le contrat d’être abusif en privant les traducteurs du droit de superviser et d’approuver tous les changements dans leur travail (c’est-à-dire leur refusant « le dernier mot » ; d’avoir une durée bien trop longue (30 ans) ; et de réduire la rémunération totale des traducteurs en leur accordant une somme de misère sur tous les formats existants et futurs – poche, audio, e-books, impression à la demande, etc… – au lieu de les rémunérer pour chaque usage, ce qui était la norme auparavant et qui l’est encore dans le reste de la profession en Suède.
Le nouveau contrat Bonnier est apparu après la rupture des négociations entre l’Association des éditeurs suédois et l’Union des écrivains il y a quelques mois, mettant fin du même coup au soi-disant contrat standard ou type existant. Les négociations portant sur une révision du contrat type duraient depuis un peu plus d’un an. Ce contrat était en usage depuis 2012, date à laquelle il avait remplacé un accord datant de 2004. Avant cela, il n’existait aucun accord commun pour la traduction entre l’Union des écrivains et les éditeurs. Le contrat type de 2012 continue à être utilisé par la plupart des autres éditeurs suédois hors du groupe Bonnier.
Après analyse du nouveau contrat Bonnier par ses juristes, l’Union des écrivains a conseillé à ses membres de demander plusieurs amendements lors de leurs négociations individuelles, en vain. Des traducteurs de renom et bien établis dans la profession ont refusé de signer le nouveau contrat des éditions Bonnier, événement qui a été relaté dans la revue professionnelle Svensk Bokhandel.
En conséquence, Gunnar Ardelius, président de l’Union des écrivains suédois, et Peter Samuelsson, responsable de la section des traducteurs dans cette association, ont publié ensemble le communiqué de presse suivant : « l’Union des écrivains suédois estime que le nouveau contrat de traduction présenté unilatéralement par le groupe Bonnier est déplorable. Les conditions de ce contrat sont injustes et nous recommandons à tous les traducteurs de ne pas signer de tels contrats. » Le boycott a été relayé dans les journaux quotidiens, la télévision et la radio, et le communiqué de presse est apparu dans les réseaux sociaux.
Dans un courrier officiel, Ika Kaminka, présidente de l’Association norvégienne des traducteurs littéraires, a apporté son soutien à cette déclaration et cette action. Ainsi que l’Association suédoise des traducteurs professionnels, la plus grande organisation suédoise de traducteurs spécialisés et techniques et de sociétés de traduction, et enfin la Guilde des écrivains de Suède, organisation des scénaristes, dramaturges, et traducteurs dans le domaine du cinéma, de la télévision, du théâtre, de la radio, des jeux vidéo et d’autres media.